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Genèse et Apocalypse à chaque instant : le temps comme fractale de l’éternel

  • Photo du rédacteur: Cyprien.L
    Cyprien.L
  • 18 juil.
  • 5 min de lecture

Dernière mise à jour : 28 juil.

Et si la Genèse avait lieu maintenant ? Et si l’Apocalypse se dévoilait dans chaque choix ? Cet article propose une lecture catholique du temps comme mystère fractal : Dieu crée à chaque instant, et chaque moment devient un seuil, entre chute et lumière, où se rejoue le début et la fin du monde.
Illustration symbolique d’un homme au centre du cosmos, traversé de lumière et d’ombre, entre commencement et fin, reflet fractal du mystère chrétien.
Ou : comment habiter l’instant comme seuil et sommet à la fois.

Il ne s’agit pas d’un traité. Ni d’une vision. Ni d’un sermon. Mais peut-être d’un tremblement.

Une tentative d’éclairer ce point minuscule qu’on appelle le présent —ce battement du monde dans lequel résonnent tous les commencements, et toutes les fins.


On croit souvent que la Genèse est passée, reléguée dans les brumes du mythe. Et que l’Apocalypse nous attend, comme un orage au loin.


Mais si l’une et l’autre étaient là, toutes deux ?Non comme des événements isolés, mais comme des motifs— fractals —qui se répètent à chaque instant, à chaque souffle.

“Je suis l’Alpha et l’Oméga”, dit le Christ dans l’Apocalypse. Il ne dit pas j’étais, ni je serai. Il dit je suis. Maintenant.


Car Dieu ne crée pas une fois pour toutes. Il soutient. Il renouvelle.Il façonne encore. Comme un potier. Et la Fin — cette Fin avec un grand F — n’est pas qu’un drame lointain. Elle est le dévoilement progressif de ce que nous avons été, de ce que nous devenons, de ce que nous sommes… en train de choisir.


Chaque jour, quelque chose naît. Quelque chose meurt. En nous. Autour de nous.


Chaque jour est une Genèse. Chaque jour est une Apocalypse.


Mais cela, tu ne peux le lire que si tu regardes non plus le monde…mais ton propre cœur.


Comme disait Thérèse d’Avila :

“L’âme est un château fait de nombreuses demeures… et la porte d’entrée, c’est l’oraison.”

Alors entre. Reste un instant. Et écoute ce qui commence… ou s’achève… en toi.

I – Alpha et Oméga : tout est là


Il y a des paroles qu’on lit trop vite. Des versets qu’on entend, qu’on répète, qu’on encadre. Et qui pourtant… ne sont jamais entendus.

« Je suis l’Alpha et l’Oméga, le Premier et le Dernier, le Commencement et la Fin. »(Apocalypse 22,13)

Pas « j’étais au commencement ».Pas « je serai à la fin ».Non. Je suis.


Ici. Maintenant. Dans ce battement de cœur. Ce regard. Ce souffle. Ce choix minuscule que tu viens de faire, sans y penser.


Tu cherches Dieu dans le passé ? Il n’y est plus. Tu l’attends dans l’avenir ? Il n’y est pas encore.


Il est dans l’instant —dans ce point de tension fragile où le début et la fin se rejoignent. Comme dans une icône.


Tu ne le crois pas ? Regarde un embryon. Une explosion. Regarde ton propre visage au réveil, juste avant que les pensées ne reprennent. Il y a là quelque chose… de tout. De l’origine. Du terme.


Les mystiques le savaient. Les poètes aussi. Chaque fragment contient le tout. Chaque instant est une fractal du temps absolu. Et dans cet éclat de seconde, si tu y prêtes assez d’attention —tu verras le commencement. Et tu sentiras la fin.


Pas comme un effondrement. Mais comme un dévoilement.


II – Dieu crée. Encore. Maintenant.


Il ne s’est pas retiré. Il ne regarde pas le monde comme on regarde une horloge qu’on a fabriquée. Il n’a pas lancé les galaxies comme on jette des pierres dans une mare. Et puis basta.


Non.

« Mon Père est toujours à l’œuvre, et moi aussi je suis à l’œuvre. »(Jean 5,17)

Il crée comme on respire. Non pas une fois, mais à chaque instant.


Saint Augustin disait :

« Ce que tu fais, tu le maintiens dans l’être. Ce que tu abandonnes, cesse d’exister. »

Et ailleurs, dans un soupir plus charnel :

« Tu n’as pas créé le monde comme un potier façonne un vase pour s’en détourner ensuite…mais tu le tiens, en ce moment même, dans ta main. »

Tu es tenu.Pas seulement né de Lui : tenu par Lui.


Et chaque matin est un recommencement. Chaque “oui” au Bien, chaque acte de vérité, chaque regard offert, est une Genèse, une création neuve. Même minuscule.

Tu crois qu’il ne se passe rien, aujourd’hui ? Tu respires.Tu pardonnes, peut-être. Tu marches vers quelqu’un. Tu détournes les yeux du mal. Tu t’abstiens de dire ce qui aurait blessé.


Alors Dieu a créé. Là. Dans ce geste. Avec toi.


III – Apocalypse : non pas catastrophe, mais dévoilement


On t’a peut-être enseigné à la craindre. À l’imaginer pleine de sang, de feu, de cavaliers. Un rideau qui tombe brutalement sur le théâtre du monde.


Mais le mot apocalypse, en grec, ne veut pas dire fin du monde. Il veut dire : révélation. Apokálypsis : le moment où quelque chose se dévoile. Un voile qu’on soulève. Une vérité qu’on ne peut plus éviter.


Et ce voile-là ne se lève pas qu’une fois. Il se lève… tout le temps. Dans les grandes bascules .Et dans les petites.


Quand tu ouvres les yeux sur une faute, quand tu reconnais en toi un mensonge, quand tu acceptes de voir ce qui souffre chez l’autre, ce qui résiste chez toi — c’est une apocalypse.

Le monde ne s’effondre pas. Il se dénude. Il cesse de faire semblant.


Et parfois, c’est violent. Car le mensonge était confortable. Car l’aveuglement rassurait.

Mais ce dévoilement-là est une grâce. Il fait mal…comme on déchire un pansement collé à vif. Mais il libère.


Et il commence ici. Aujourd’hui. Dans ton cœur.

« Car il n’est rien de caché qui ne doive être révélé, ni de secret qui ne doive être connu. »(Luc 12,2)


IV – Le temps, temple fractal


Le temps, on croit savoir ce que c’est. On le compte. On le découpe. On l’enterre sous des agendas. Mais dès qu’on s’en approche vraiment, il se dérobe.


Saint Augustin, encore lui, l’a écrit sans détour :

« Qu’est-ce donc que le temps ? Si personne ne me le demande, je le sais ;si je veux l’expliquer, je ne le sais plus. »

Et pourtant, dans son trouble, il touche juste :

« Il n’y a pas trois temps : passé, présent, futur. Il y a trois présents : le présent du passé (la mémoire),le présent du présent (la contemplation),et le présent du futur (l’attente). »

Autrement dit : tout se concentre ici. Dans ce point tendu, fragile, brûlant : le maintenant.


Ce maintenant que tu piétines sans y penser. Qui contient pourtant ton histoire, ton désir, ta conscience.


C’est , exactement là, que Dieu agit. Pas ailleurs.


La Genèse, ce n’est pas une page tournée. C’est une étincelle qu’Il rallume dans chaque instant.


L’Apocalypse, ce n’est pas une horloge suspendue dans le ciel. C’est une fissure qui s’ouvre dans le mensonge du jour.


Tu veux t’approcher du mystère ? Ne cherche pas dans les archives. Ne projette pas dans l’avenir.


Entre dans le présent. Le seul lieu où l’éternité se donne.


Et souviens-toi :

« Ne vous inquiétez pas pour demain :demain s’occupera de lui-même.À chaque jour suffit sa peine. »(Matthieu 6,34)

V – Et toi ?


Tu attendais la fin du monde, peut-être Un signe. Une grande lumière. Quelque chose d’évident. Mais elle est plus discrète que ça.


Elle est déjà passée dans tes choix.


Dans ton oubli. Dans ton repli. Dans ta colère.


L’Apocalypse ne fait pas de bruit.


Elle murmure parfois. Elle tranche aussi. Mais toujours, elle révèle.


Et la Genèse ? Elle aussi revient. Dans le pardon que tu offres. Dans la parole que tu retiens. Dans le geste que tu poses —non pour être vu, mais pour faire advenir un peu de bien.


Ton cœur est un jardin. Ou une ville en ruine. Un trône. Ou un abîme.

« Le cœur est un petit vase. Il contient des dragons, des démons, et des anges. »(saint Macaire)

Et toi, dans ce cœur, tu choisis chaque jour qui y siège.


Tu crois que Dieu tarde ? Mais Il est déjà là. Dans la blessure. Dans la brèche. Dans l’éclair d’intuition.


Tu veux une preuve ? Regarde-toi.


Regarde ce que tu aurais pu être. Regarde ce que tu deviens. Regarde ce que tu refuses encore.


Et maintenant, choisis.


Pas dans un an.


Pas demain


Maintenant.

 
 
 

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