Non, l’homosexualité n’a rien à voir avec la pédophilie — la vérité de l’Église et de la science
- Cyprien.L
- 12 nov.
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Introduction — La vérité de la foi face au mensonge social
L’un des préjugés les plus persistants de notre temps, souvent recyclé sous des apparences morales, consiste à associer l’homosexualité à la pédophilie. Cette idée, ressurgie à chaque scandale ou débat public, repose sur un amalgame sans fondement scientifique ni théologique, mais chargé d’affects, de peur et de simplisme.
Elle trahit à la fois la raison et la foi, car elle confond l’appel universel à la sainteté avec une logique de rejet.
L’Église catholique, souvent accusée à tort d’entretenir ce préjugé, enseigne au contraire une doctrine à la fois lucide, exigeante et miséricordieuse.
Le Catéchisme de l’Église catholique (CEC) distingue clairement trois choses : la personne, l’acte, et la tendance.
Au numéro 2358, il affirme que « les personnes homosexuelles doivent être accueillies avec respect, compassion et délicatesse. On évitera à leur égard toute marque de discrimination injuste. » Mais il précise aussi, au numéro 2357, que les actes homosexuels sont considérés comme « intrinsèquement désordonnés » (intrinsece inordinati).
Ce terme, souvent mal compris, ne signifie pas que la personne est « désordonnée » ou inférieure, mais que l’acte, en tant qu’il ne s’ouvre pas à la procréation, n’entre pas dans l’ordre objectif de la finalité naturelle du don sexuel selon la théologie catholique.
C’est un jugement sur la structure de l’acte, non sur la valeur de la personne.Dans le langage moral de l’Église, “désordre” ne veut pas dire chaos moral, mais écart de finalité : un usage du corps qui ne correspond pas au dessein créateur. Or cet écart n’ôte rien à la dignité de celui qui le commet, car chaque être humain reste créé à l’image de Dieu.
C’est pourquoi le Magistère, de Jean-Paul II à François, n’a cessé de répéter que cette distinction est fondamentale : on peut refuser un acte sans rejeter la personne. Car comme le rappelle saint Thomas d’Aquin, « aimer quelqu’un, c’est vouloir pour lui le bien » — et ce bien ne consiste jamais à humilier, à exclure, ni à haïr.
Toute parole de haine, toute stigmatisation ou appel à la violence contre les personnes homosexuelles est un péché grave.
Il faut donc le dire clairement : ceux qui insultent, discriminent ou appellent à tuer des personnes homosexuelles ne défendent pas la foi — ils la profanent. Ils s’opposent au Catéchisme, au Magistère et à l’exemple même du Christ. Car le Christ, lui, ne légitime jamais le péché, mais il refuse de confondre le pécheur et sa faute. Il voit en chacun un être blessé à sauver, non un ennemi à détruire.
C’est à cette lumière que nous devons examiner la question.
Car si la foi doit éclairer le monde, elle ne peut pas s’appuyer sur le mensonge. Et le mensonge, ici, est double : d’une part, scientifique, car la corrélation “homosexualité – pédophilie” est fausse ; d’autre part, spirituelle, car elle inverse le cœur même de l’Évangile, qui appelle à aimer, non à exclure.
Notre démarche sera donc triple :
D’abord, retracer l’origine de ce mythe et comprendre comment il s’est enraciné dans la peur.
Ensuite, examiner les faits, les chiffres et la logique : montrer que ce lien supposé n’existe ni dans les données ni dans la raison.
Enfin, replacer la question dans la lumière du Christ : celle de la vérité, de la miséricorde, et du respect absolu de toute personne humaine.
Encadré doctrinal approfondi — L’Ancien Testament ne justifie ni la peine de mort ni la haine : foi, morale et autorité du Magistère
Certains, pour légitimer la violence ou la condamnation des personnes homosexuelles, citent encore des versets de l’Ancien Testament, comme Lévitique 20,13, où il est écrit :
« Si un homme couche avec un homme comme on couche avec une femme, ils ont fait tous deux une chose abominable ; ils seront mis à mort, leur sang retombera sur eux. »
Ce verset, souvent isolé de son contexte, est invoqué pour justifier des positions contraires à la doctrine catholique. Une telle lecture constitue une erreur grave, non seulement sur le plan herméneutique, mais aussi sur le plan théologique et moral, car elle touche directement à la foi et aux mœurs — deux domaines dans lesquels le Magistère de l’Église exerce son autorité la plus forte.
1. Foi et mœurs : un domaine d’obéissance, non d’opinion
Lorsqu’il s’agit de foi et de mœurs, le catholique n’est pas libre d’interpréter la Révélation contre le Magistère.
Les questions morales concernant la dignité humaine, la charité, la justice, ou le respect de la vie relèvent du dépôt de la foi (depositum fidei) que l’Église a reçu mission d’interpréter avec autorité.
Vouloir contredire l’enseignement de l’Église en prônant la haine, la violence ou la mise à mort de quiconque -y compris des personnes homosexuelles -revient à s’opposer non à une opinion, mais à une vérité de foi liée à la morale chrétienne.
C’est pourquoi l’attitude de ceux qui prétendent que “le Magistère s’est trompé” en appelant au respect et à la compassion n’est pas seulement un désaccord disciplinaire : c’est un rejet du Magistère lui-même, c’est-à-dire une rupture de communion.
Et une telle rupture est d’autant plus grave qu’elle concerne ce que l’Église appelle les “matières graves” : la vie humaine, la dignité de la personne et la charité évangélique.
2. L’Ancien Testament ne s’applique pas littéralement à la loi chrétienne
Le concile Vatican II, dans la constitution dogmatique Dei Verbum, rappelle que l’Écriture doit être interprétée dans la lumière du Christ, et que certaines prescriptions de l’Ancien Testament sont désormais caduques :
Texte officiel — Dei Verbum, §4-15–16
« Dieu, qui a jadis parlé à nos pères par les prophètes, nous a parlé en ces jours-ci par son Fils (He 1,1).Le Christ, Verbe de Dieu fait chair, envoyé comme “homme aux hommes”, parle donc les paroles de Dieu et accomplit l’œuvre du salut qu’il leur confie.Ainsi, toute la révélation de Dieu s’achève et s’achève en Lui. » (Dei Verbum, §4)
§ 15. « Les auteurs sacrés ont composé ces livres sous l’inspiration divine, de telle sorte qu’ils contiennent des choses imparfaites et passagères (inchoata et temporaria), mais aussi des choses sublimes. »
§ 16. « Dieu, inspirateur et auteur des deux Testaments, a disposé les choses si sagement que le Nouveau est caché dans l’Ancien (Novum in Vetere latet), et que l’Ancien devient clair dans le Nouveau (et Vetus in Novo patet). Car, bien que le Christ ait fondé la Nouvelle Alliance dans son sang, les livres de l’Ancien Testament, pris intégralement, conservent leur valeur permanente : ils manifestent la pédagogie divine. »
(Source : Constitution dogmatique Dei Verbum, Concile Vatican II, 18 novembre 1965, traduction française officielle : Éditions du Cerf, Documents du Concile Vatican II, p. 68–70.)
Explication théologique
L’expression latine inchoata et temporaria (DV 15) signifie littéralement :« inachevées et temporaires », c’est-à-dire caducs dans leur forme.
Le Concile reconnaît donc que certaines prescriptions légales, rituelles ou pénales de l’Ancien Testament — comme les sacrifices sanglants, les interdits alimentaires, ou les sanctions civiles — n’avaient qu’une valeur provisoire, destinée à préparer la venue du Christ.
Le § 16 explicite que ces prescriptions sont désormais accomplies (non simplement abolies) dans le Christ, selon la parole de Matthieu 5,17 :
« Je ne suis pas venu abolir la Loi, mais l’accomplir. ». Cela signifie que leur sens spirituel demeure, mais leur application littérale est périmée.
Synthèse
Élément de la Loi ancienne | Statut selon Dei Verbum et le Magistère | Commentaire |
Prescriptions rituelles (sacrifices, puretés, sabbat) | Caduques (inchoata et temporaria, DV 15) | Accomplies dans le sacrifice du Christ. |
Sanctions pénales (lapidation, peine de mort) | Caduques | Incompatibles avec la Révélation de la miséricorde en Jésus. |
Enseignement moral fondamental (justice, charité, fidélité) | Pérenne | Élevé à sa plénitude dans le Sermon sur la montagne. |
Autrement dit : le Christ accomplit la Loi ancienne, il ne la prolonge pas telle quelle.
Les commandements pénaux du Lévitique (lapidation, exécution, purification rituelle) relevaient d’un code civil et religieux propre à Israël, lié à une économie spirituelle préparatoire.
Ils n’ont aucune valeur normative pour les chrétiens, car ils appartiennent à un ordre provisoire, désormais dépassé par la Loi de la grâce.
C’est pourquoi le Concile de Jérusalem (Actes 15,1-29) a explicitement libéré les premiers chrétiens des prescriptions pénales et rituelles de la Loi mosaïque.
Saint Paul le redit avec force :
« Le Christ est la fin de la Loi pour la justification de tout croyant. » (Rm 10,4)« Ce n’est pas la lettre qui vivifie, mais l’Esprit. » (2 Co 3,6)
Invoquer l’Ancien Testament pour justifier la peine de mort ou la violence envers les pécheurs, c’est nier le sens même de l’Évangile, c’est-à-dire l’accomplissement de la Loi dans la charité.
3. Les Pères de l’Église : détester le vice, non l’homme
Les Pères de l’Église ont fermement rejeté l’idée d’une justice punitive appliquée au nom de Dieu.Saint Augustin, dans De Civitate Dei (XIV, 26), enseigne :
« Déteste le vice, mais aime l’homme ; car Dieu aime ce qu’il a créé, mais hait ce que l’homme y a ajouté par le péché. »
Cette formule condense toute la théologie morale chrétienne : l’amour du pécheur et le refus du mal ne s’opposent pas, ils s’expliquent.Dieu ne hait jamais l’homme ; il hait le péché qui le défigure.
Saint Jean Chrysostome, souvent mal interprété, disait également :
« Nous ne condamnons pas les personnes, mais les passions qui les enchaînent. »
Souvent cité hors contexte pour sa sévérité envers le vice, Saint Jean-Chrysostome prêche en réalité la miséricorde comme fidélité à la nature de Dieu.
Dans son Homélie sur Matthieu 23, il affirme :
« Ce n’est pas contre les hommes que je m’élève, mais contre le démon qui les trompe. »Et ailleurs :« Celui qui veut corriger autrui doit d’abord pleurer sur lui-même. »
Chrysostome condamne l’hypocrisie morale, qu’il voit comme la source même de la corruption spirituelle :
« Rien ne ressemble plus au démon que celui qui, tout en accusant le mal, manque d’amour. »
Saint Grégoire Le Grand, dans ses Moralia in Job, distingue entre le zèle saint et le zèle destructeur :
« Si le feu du zèle n’est pas allumé par la charité, il brûle ce qu’il devrait éclairer. »
Aucun Père, aucun docteur de l’Église n’a jamais enseigné que le péché autorisait la violence contre le pécheur.
Ou encore Saint Ambroise de Milan (v. 340–397) dans De Paenitentia, II, 8, 56-57.
“L’Église ne condamne pas ceux qui sont tombés, mais elle les accueille à la pénitence.”
La justice chrétienne n’est pas la rétribution, mais la rédemption.
4. Le précédent historique ne justifie pas l’erreur morale
Certains rétorquent : “Mais autrefois, dans l’Église ou dans la société, on punissait certains actes de mort ou de bannissement.”Il est vrai que, dans certains contextes historiques, les autorités civiles et religieuses ont collaboré à des systèmes punitifs sévères : hérésie, adultère, sorcellerie, sodomie.Mais cela ne légitime en rien ces pratiques.
L’Église elle-même a reconnu ses fautes en ces domaines.Saint Jean-Paul II, dans sa Journée du pardon (12 mars 2000), a publiquement demandé pardon pour les violences commises “au nom de la foi”.
Le Magistère contemporain enseigne que ces pratiques relevaient d’une compréhension imparfaite de la liberté religieuse, de la dignité humaine et de la charité évangélique. Elles appartiennent à une époque où l’Église et l’État se confondaient, où la contrainte politique se présentait comme outil moral.
Mais la Révélation elle-même ne justifie jamais la violence. Dire “on le faisait avant” n’est pas un argument théologique, c’est une justification du péché par le péché.
Ce serait comme dire que, parce que l’esclavage a existé, il serait légitime : or l’Église l’a condamné, précisément au nom de la dignité de la personne.
Le retour à une lecture punitive de l’Écriture n’est donc pas un “traditionalisme” : c’est une apostasie de la charité.
Le Christ n’est pas venu confirmer les lapidations, mais les interrompre.
5. En résumé :
Principe chrétien | Position authentique de l’Église | Dérive hérétique |
La Loi ancienne est accomplie dans le Christ | Les sanctions du Lévitique sont caduques (Dei Verbum §4, Actes 15) | Lecture littérale du Lévitique pour justifier la haine |
Le Magistère est assisté du Saint-Esprit | Respect, compassion et délicatesse envers les personnes homosexuelles (CEC §2358) | Rejet du Magistère = rupture de communion |
Le péché n’autorise jamais la violence | Détester le vice, aimer le pécheur (Augustin, Chrysostome) | Assimiler pécheur et mal incarné |
L’histoire n’est pas norme de foi | Les excès passés ne sont pas doctrinaux | “C’était fait avant, donc c’est légitime” |
En somme aucun fondement biblique, magistériel ou patristique ne permet de justifier la violence envers quiconque au nom de Dieu. La foi catholique repose sur l’union indissociable de la vérité et de la charité : séparer l’une de l’autre, c’est trahir l’Évangile.
I. Le mythe — Origine et structure d’un préjugé
L’association entre homosexualité et pédophilie n’est pas née de l’expérience, ni d’une observation scientifique, mais d’une construction culturelle.
C’est une idée forgée au croisement de la peur, de la méconnaissance et d’une morale mal comprise, souvent utilisée pour détourner le regard des véritables causes de la violence sexuelle.
1. De la pathologisation à la diabolisation morale
Jusqu’au milieu du XXᵉ siècle, l’homosexualité était considérée comme une maladie mentale ou une inversion pathologique.
En 1870 Karl Westphal publiait un article dans l’Archiv für Psychiatrie où il décrivait l’homosexualité comme une « inversion du sentiment sexuel ». Cette approche médicale fut reprise pendant près d’un siècle : Freud, même s’il refusa d’y voir un vice, la considérait comme un arrêt du développement psychosexuel.
L’Association américaine de psychiatrie ne retira l’homosexualité du Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (DSM) qu’en 1973, et l’Organisation mondiale de la santé en 1990. Pendant plus d’un siècle, donc, des générations entières furent élevées dans l’idée qu’un homosexuel était, par nature, « anormal ».
Cette médicalisation s’est vite doublée d’une diabolisation morale. Dans l’Europe chrétienne post-victorienne, les rapports homosexuels furent perçus non seulement comme une faute contre la loi naturelle, mais comme une menace contre la société elle-même. Après la Seconde Guerre mondiale, les discours conservateurs ont amalgamé homosexualité, décadence et perversion.
2. Le mécanisme du biais cognitif
Sur le plan psychologique, cette assimilation repose sur un phénomène connu : la corrélation illusoire.
C’est le fait de percevoir un lien de causalité entre deux événements qui coexistent sans relation réelle. Par exemple : dans les années 1950–1980, la majorité des prêtres étaient des hommes, et la majorité des victimes d’abus dans les institutions religieuses étaient des garçons (servants d’autel, élèves de pensionnats, choristes).
De là,une conclusion erronée s’est imposée : “si les victimes sont des garçons, les abuseurs sont donc des homosexuels”.
Or le rapport John Jay (2011) l’a démontré : cette surreprésentation des victimes masculines s’explique par le contexte non mixte des institutions, non par une orientation sexuelle particulière des auteurs.
En d’autres termes ce n’est pas l’homosexualité qui crée le crime, c’est la configuration d’un milieu clos, homogène, hiérarchisé et silencieux. Ce même mécanisme est observable dans les pensionnats militaires, les colonies de vacances ou certaines écoles de garçons : le facteur déterminant est l’accès, non l’attirance.
3. Fonction sociale du préjugé
L’amalgame entre homosexualité et pédophilie remplit une fonction sociale ancienne : désigner un bouc émissaire. René Girard (1923-2015) était un anthropologue, philosophe et académicien français, connu pour avoir développé la théorie du désir mimétique et du bouc émissaire.
Il a montré, notamment dans La Violence et le sacré (1972) et Des choses cachées depuis la fondation du monde (1978), que les sociétés humaines ont tendance à transférer leurs tensions internes sur un groupe marginal ou une victime expiatoire, afin de restaurer une paix illusoire.
C’est cette logique sacrificielle - où la violence se déguise en vertu - que le christianisme vient justement révéler et dénoncer par la Passion du Christ.
Accuser les homosexuels d’être les “vrais déviants”, c’est une manière de déplacer la honte. C’est externaliser ce que l’humanité refuse de voir en elle-même : la fragilité du désir, la violence du pouvoir et la tentation de la domination.Cette rhétorique, loin d’être spirituelle, est un réflexe d’auto-défense sociale. Elle rassure en désignant des coupables visibles, tout en laissant intacts les mécanismes invisibles qui produisent la souffrance.
4. La réponse évangélique à la peur
Jésus dans l’Évangile a souvent affronté cette logique du bouc émissaire. Face à la femme adultère (Jean 8,7), il ne nie pas la faute, mais il renverse le jugement : « Que celui d’entre vous qui n’a jamais péché lui jette la première pierre. »
Dans la parabole du pharisien et du publicain (Luc 18,9-14), il dénonce l’orgueil de celui qui se croit juste en condamnant l’autre : « Seigneur, je te rends grâce de n’être pas comme les autres hommes. »
Ces paroles montrent que la peur morale, quand elle devient jugement, devient elle-même péché. Celui qui se nourrit du rejet de l’autre pour affermir sa vertu finit par renier le Christ qu’il prétend défendre.
II. Les faits — Données statistiques et incohérences logiques
Les affirmations doivent, pour être crédibles, reposer sur la réalité. Or lorsqu’on confronte le préjugé “homosexualité = pédophilie” aux données épidémiologiques, criminologiques et sociologiques, il s’effondre complètement.
Ce n’est pas une question d’opinion : c’est une question de faits établis, de logique élémentaire et de rigueur morale.
1. Les chiffres internationaux : un constat sans ambiguïté
Selon les principales études menées depuis plus de quarante ans — World Health Organization (OMS), American Psychological Association (APA), Institut National d’Études Démographiques (INED), John Jay College of Criminal Justice (2011), Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église de France (CIASE, 2021) — plus de 95 % des actes pédophiles sont commis par des hommes hétérosexuels.
Cette proportion est constante, qu’il s’agisse d’abus intrafamiliaux (le père, l’oncle, le grand-père), d’abus institutionnels (enseignants, éducateurs, prêtres) ou de crimes en ligne.
Dans le cas spécifique du clergé catholique, le John Jay Report établit que la surreprésentation de victimes masculines (jusqu’à 80 % dans les années 1970) ne résulte pas d’une orientation homosexuelle des prêtres, mais de l’accès quasi exclusif à des garçons, dans des contextes non mixtes, séminaires, internats, chorales de garçons.
Le rapport conclut sans ambiguïté :
« L’orientation sexuelle ne peut être considérée comme un facteur causal des abus commis par les prêtres. Les abus résultent d’opportunités contextuelles et de facteurs institutionnels. »
Depuis les années 1990, la proportion de victimes masculines a d’ailleurs chuté fortement, à mesure que la mixité et la prévention ont progressé. Dans les données récentes, la répartition des victimes rejoint celle observée dans la société civile : majoritairement des filles, auteurs masculins hétérosexuels.
2. L’erreur de proportionnalité et la contradiction mathématique
Certains tentent encore de justifier la surreprésentation d’auteurs hétérosexuels en disant : “il y a plus d’hétéros, donc c’est normal”. Cet argument, en apparence logique, s’effondre dès qu’on l’examine rigoureusement.
Les grandes enquêtes démographiques (Gallup 2023, Pew Research Center 2022, Ifop 2023) estiment que 5 à 10 % de la population mondiale s’identifie comme LGBT - un chiffre stable à travers les cultures et les générations, qui monte à 15 % chez les jeunes adultes occidentaux.
Si l’hypothèse “orientation = propension à la pédophilie” était fondée, alors ces 5 à 10 % de personnes homosexuelles ou bisexuelles devraient représenter 5 à 10 % des auteurs d’abus.
Or dans toutes les bases de données judiciaires, ils en représentent moins de 1 %.
Et la contradiction va plus loin encore : si les homosexuels étaient réellement responsables d’une part significative des abus, la proportion d’auteurs hétérosexuels devrait baisser.
Il ne serait pas possible d’atteindre 95 % d’auteurs hétéros tout en prétendant que les homosexuels commettent davantage d’abus. Le préjugé se détruit donc par sa propre logique : les chiffres qu’il invoque le contredisent.
On pourrait aller plus loin : si l’on appliquait la même logique simpliste aux données, on devrait conclure que les hétérosexuels sont les principaux pédophiles. Ce serait absurde, et pourtant, c’est exactement la même structure de raisonnement que celle utilisée contre les homosexuels.
3. Le clergé comme étude de cas : le rôle du contexte et du refoulement
Les institutions religieuses constituent un cas d’école : la majorité des abus recensés dans l’histoire de l’Église catholique se situent entre 1950 et 1980, période où l’homosexualité était fortement stigmatisée, y compris au sein du clergé.
Les prêtres homosexuels, incapables de vivre ouvertement leur orientation, entraient souvent dans des parcours de refoulement profond, parfois sans accompagnement psychologique ni discernement spirituel. Ce refoulement, combiné à l’isolement, au célibat mal vécu et à la culture du silence, a pu engendrer des comportements déviants chez certains individus déjà fragiles.
Mais là encore, la responsabilité n’est pas dans l’orientation : elle est dans la structure du secret et du pouvoir.
Les abus sur garçons dans l’Église ne sont pas des “crimes homosexuels”, mais des crimes pédocriminels commis dans un environnement masculin clos.
De la même manière les viols massifs commis par des enseignants ou entraîneurs dans des institutions sportives féminines ne prouvent pas que l’hétérosexualité conduit au viol.
4. Lecture éthique et logique chrétienne des données
Les faits n’ont pas seulement une valeur statistique, ils ont une portée morale. La vérité scientifique vient ici confirmer la vérité théologique : on ne peut pas réduire la faute à une orientation.
Saint Augustin le rappelait déjà : “Non est peccatum natura, sed voluntas” - ce n’est pas la nature qui est péché, mais la volonté qui choisit le mal.
Autrement dit la responsabilité morale ne repose pas sur ce que l’on est, mais sur ce que l’on fait. Confondre orientation et crime, c’est donc commettre une injustice fondamentale : c’est juger la personne avant même l’acte.Or c’est précisément ce que le Christ refuse dans l’Évangile. Il ne dit jamais : “Voici un homosexuel, donc un pécheur”, mais : “Voici un homme, donc un frère.”
5. Les pseudo-corrélations anciennes : un biais de contexte
Dans les années 1950–1970, certains rapports de police ou articles de presse anglo-saxons prétendaient remarquer une proportion plus élevée d’agressions d’hommes sur garçons.
Mais ces chiffres ne disaient rien de l’orientation des agresseurs : ils reflétaient la composition masculine des milieux (internats, clergé, armée, écoles de garçons).
Les études criminologiques anciennes (West, Homosexuality, 1955 ; Gebhard, Kinsey Data, 1979) soulignent qu’il n’y avait aucune différence statistique de dangerosité entre homosexuels et hétérosexuels, une fois corrigé le contexte d’accès.
Autrement dit : si un prêtre ou un enseignant avait accès à des garçons, les victimes étaient des garçons ; si c’était une institutrice, les victimes étaient des filles.
C’est une loi de proximité, non d’orientation.
6.L’origine moderne du mythe : Anita Bryant et la droite religieuse américaine
La première grande campagne publique affirmant que “les homosexuels sont des prédateurs d’enfants” date de 1977, aux États-Unis.Elle fut menée par Anita Bryant, chanteuse de gospel et militante protestante fondamentaliste du mouvement évangélique Southern Baptist.
Sa croisade, appelée “Save Our Children” (“Sauvez nos enfants”), visait à abroger une loi locale de Floride interdisant la discrimination envers les personnes homosexuelles.
Bryant affirmait que les homosexuels “recrutaient des enfants” et “cherchaient à pervertir les jeunes”.
Aucune preuve ne soutenait ces déclarations, mais la rhétorique de la peur fonctionna.Les slogans de sa campagne (“Homosexuals cannot reproduce, so they must recruit”) furent repris par les milieux évangéliques conservateurs, puis exportés en Europe dans les années 1980 à travers des réseaux anti-gay se réclamant de la “morale biblique”.
Ce sont donc des milieux religieux extrêmes, non catholiques, qui ont inventé et diffusé le lien “homosexualité = pédophilie”.
Et cette idée a été récupérée par certains catholiques intégristes après les scandales d’abus dans l’Église, malgré la condamnation explicite du Saint-Siège de tout amalgame de ce type.
7. Le verdict des études historiques
Les chercheurs en sciences sociales (John Boswell, Christianity, Social Tolerance, and Homosexuality, 1980 ; Mark Jordan, The Silence of Sodom, 2000 ; R. Fone, Homophobia: A History, 2001) ont confirmé qu’il n’existe aucune période historique où la pédophilie aurait été statistiquement liée à l’homosexualité adulte.
Au contraire, la confusion entre les deux a toujours été utilisée pour justifier la persécution :
au XIXᵉ siècle dans les pamphlets victoriens anti-“invertis”,
dans l’Allemagne nazie (paragraphe 175),
puis dans l’Amérique fondamentaliste des années 1970.
Toutes ces propagandes ont le même schéma : créer un “ennemi intérieur” pour détourner la peur du désordre moral ou social.
En résumé
Période | Contexte | Nature du discours | Origine idéologique |
1850–1950 | Homosexualité = déviance médicale | Théories pseudo-psychiatriques | Sexologie pathologisante (Krafft-Ebing, Havelock Ellis) |
1950–1970 | Criminalisation et clandestinité | “Danger pour la jeunesse” | Moralistes civils et religieux conservateurs |
1977 | Campagne “Save Our Children” | “Les homosexuels veulent corrompre les enfants” | Anita Bryant, évangélisme baptiste américain |
1980–1990 | Diffusion mondiale du mythe | Peur du SIDA + panique morale | Groupes protestants fondamentalistes |
Après 1990 | Réfutation scientifique complète | Distinction orientation / pathologie | APA, OMS, John Jay Report, CIASE |
Conclusion : Il n’a jamais existé, à aucune époque, de corrélation démontrée entre homosexualité et pédophilie.Le mythe est né non d’observations, mais d’une rhétorique religieuse fondamentaliste protestante. Loin d’être un fait il s’agit d’un outil politique de peur, historiquement utilisé pour diaboliser une minorité dans des contextes de crise morale.
Proportionnalité statistique : ce que les chiffres montrent vraiment
Prenons un modèle théorique simple basé sur les données mondiales les plus courantes :
Population mondiale : 100 personnes.
Répartition moyenne selon les études démographiques (Gallup 2023, Pew 2022, Ifop 2023) :
90 à 95 hétérosexuels,
5 à 10 personnes LGBT (homosexuelles, bisexuelles ou transgenres).
Les données criminologiques (OMS, INED, CIASE, John Jay Report) montrent que 95 % des auteurs d’abus sexuels sur mineurs sont hétérosexuels, et moins de 1 % sont homosexuels.
Appliquons ces proportions à notre population de 100 personnes :
Catégorie | Taille du groupe | % estimé d’auteurs d’abus (selon les données globales) | Nombre d’auteurs sur 100 habitants |
Hétérosexuels | 90 à 95 | 95 % des crimes | ≈ 0,95 auteur pour 100 habitants |
LGBT (homosexuels, bisexuels, trans) | 5 à 10 | <1 % des crimes | ≈ 0,05 auteur pour 100 habitants |
Autrement dit :
Pour 100 personnes, on observe environ un auteur hétérosexuel pour vingt auteurs homosexuels supposés si la proportion était équilibrée. Oren réalité, les statistiques montrent l’inverse : les homosexuels sont vingt fois moins représentés dans les crimes pédophiles que ce que la simple proportion démographique prédirait.
En langage clair :
Si la corrélation “orientation = pédophilie” était vraie, on trouverait environ un pédophile homosexuel pour 10 à 20 pédophiles hétérosexuels.
Or, les données réelles montrent moins d’un pédophile homosexuel pour 100 à 200 pédophiles hétérosexuels.
La conclusion est mathématiquement inévitable : la corrélation est non seulement fausse, mais inverse. Les homosexuels sont statistiquement sous-représentés parmi les auteurs d’abus sur mineurs.
III. Répression et hypocrisie — Le contexte global de la violence sexuelle
L’une des erreurs les plus graves de l’analyse morale contemporaine consiste à croire que la répression d’une orientation ou d’un comportement diminue la violence. Or l’histoire et la sociologie montrent l’inverse : plus une société punit la différence, plus elle nourrit les abus cachés. La criminalisation de l’homosexualité n’a jamais protégé les enfants ni renforcé la moralité publique ; elle a simplement déplacé la violence vers les plus faibles et renforcé les structures de silence.
1. Répression et explosion des abus dans les sociétés conservatrices
Les données internationales publiées par l’ONU, l’OMS, Human Rights Watch et Amnesty International convergent : dans les pays où l’homosexualité est criminalisée, les taux de violences sexuelles, conjugales et institutionnelles sont nettement plus élevés.
On y trouve un paradoxe constant : ceux qui prétendent “protéger la pureté” tolèrent en réalité des systèmes de domination d’une ampleur inédite.
En Afghanistan où l’homosexualité est passible de mort, la pratique du bacha bazi — consistant à faire danser et abuser des garçons travestis — demeure répandue.
Ce phénomène n’a rien d’homosexuel : les auteurs sont des hommes mariés, souvent considérés comme “respectables”. Il s’agit d’une exploitation fondée sur le pouvoir, non sur l’attirance.
De même, au Pakistan, au Yémen ou en Arabie saoudite, les rapports homosexuels consentis sont interdits, mais les mariages d’enfants, parfois dès l’âge de 10 ou 12 ans, restent légaux ou tolérés.Autrement dit, la criminalisation de l’homosexualité ne crée pas la vertu : elle légitime la domination et cache la violence.
En Afrique subsaharienne dans des pays comme l’Ouganda ou le Nigeria, les lois répressives contre les homosexuels ont souvent servi à détourner l’attention de véritables scandales : viols de mineures, violences conjugales, prostitution infantile.
Ces régimes utilisent l’homophobie comme instrument politique, une “purification morale” qui permet d’unir la population contre un ennemi intérieur.C’est une stratégie vieille comme le monde : fabriquer une peur pour ne pas affronter la corruption et les abus réels.
2. La double morale des sociétés rigides
Ce phénomène n’est pas propre au monde musulman ni aux régimes autoritaires. Il est structurel : toute société qui refoule la sexualité crée un terrain de perversion sociale.
Les études en psychologie sociale et en anthropologie (Freud, Girard, Foucault, Bourdieu, Mauss) l’ont largement démontré : l’excès de contrôle du désir engendre la transgression.
Les régimes ou institutions qui prônent la “pureté absolue” sont souvent ceux où les abus sont les plus fréquents.
L’histoire européenne n’en est pas exempte. Au XIXᵉ siècle, l’Angleterre victorienne vantait la morale familiale pendant que la prostitution enfantine proliférait à Londres.
En France sous la Troisième République, les orphelinats religieux prônaient la chasteté et la discipline, mais cachaient des violences physiques et sexuelles de masse.
Dans ces sociétés, la honte du corps et la peur du désir ont créé un climat où la sexualité ne se disait plus — elle s’exécutait en secret, souvent contre des victimes sans défense.
La même logique s’observe dans le clergé : le refoulement institutionnel de la sexualité, l’absence d’espaces de parole et la peur du scandale ont créé une culture du secret qui a permis les abus.
Il ne s’agit pas ici d’accuser la chasteté — mais de rappeler qu’elle ne peut exister sans intégration du désir.
La chasteté authentique, au sens chrétien, n’est pas refoulement : c’est un don libre et conscient, soutenu par la grâce et l’accompagnement.
Là où le vœu devient peur, il devient prison.
3. Le silence comme facteur criminogène
Toutes les commissions d’enquête, religieuses ou civiles, aboutissent à la même conclusion :ce n’est pas l’orientation sexuelle, mais le silence, qui permet aux abus de se multiplier. Dans les sociétés ou les institutions où l’homosexualité est stigmatisée, les victimes masculines osent moins parler, de peur d’être elles-mêmes assimilées à une “déviance”. Ironiquement l’homophobie, loin d’empêcher la pédophilie, la protège indirectement en maintenant les victimes dans la honte.
C’est une logique infernale : plus on diabolise, moins on prévient.
L’homophobie n’est donc pas seulement une faute morale : elle est aussi un facteur de risque criminologique.
Elle empêche la prévention, elle bloque la parole, elle fabrique du secret.
4. Une cohérence morale inversée
D’un point de vue chrétien, la logique du rejet est donc non seulement fausse, mais inversée :plus on rejette ceux qui diffèrent, plus on ouvre la porte à la violence. Le Christ, dans les Évangiles, n’a jamais prôné la peur du péché d’autrui, mais la conversion du cœur. L’homophobie n’a rien d’une défense de la vérité : elle est une idole morale, un simulacre de vertu.Elle prétend protéger la foi, mais elle ne fait que trahir la miséricorde.
Comme le rappelle saint Jean dans sa première épître :
« Il n’y a pas de crainte dans l’amour ; l’amour parfait bannit la crainte. » (1 Jn 4,18)
Là où la peur règne, Dieu s’efface.
La pédophilie n’est pas une orientation sexuelle
Il est essentiel de rappeler un fait scientifique fondamental : la pédophilie n’est pas une orientation sexuelle, mais une paraphilie pathologique — c’est-à-dire un trouble du développement sexuel caractérisé par une attirance exclusive ou prédominante envers des enfants impubères.
Assimiler ce trouble à une orientation revient à nier la réalité clinique, à entretenir la confusion morale, et à alimenter des préjugés infondés.
1. La définition scientifique et médicale
L’Organisation mondiale de la santé (OMS), dans la CIM-11 (Classification internationale des maladies, 2018), définit la pédophilie sous le terme officiel de “trouble pédophilique” (pedophilic disorder), classé dans les troubles de la préférence sexuelle (code 6D32) :
« Une préférence sexuelle persistante pour les enfants prépubères, qui s’accompagne d’une souffrance, d’un risque ou d’un passage à l’acte. »
De même le DSM-5 (American Psychiatric Association, 2013) distingue clairement entre orientation sexuelle (hétéro, homo, bi) et paraphilie (trouble du désir sexuel pathologique).
La pédophilie n’appartient pas à la catégorie des orientations, mais à celle des troubles psychiatriques.Elle implique une fixation sur l’enfance, non une attraction envers un sexe particulier.
En d’autres termes :
On ne “naît” pas pédophile, on développe un trouble lié à la maturation affective et sexuelle.
2. La logique psychologique : un dérèglement, non une orientation
Sur le plan psychologique, la pédophilie se distingue radicalement de toute orientation affective adulte.Les travaux de Ray Blanchard (Université de Toronto, 2009) et de Seto & Lalumière (2001, Psychological Bulletin) montrent que :
la pédophilie est associée à un trouble du développement neurosexuel,
souvent liée à une fixation infantile du désir (traumatismes, carences affectives, déviations précoces),
sans corrélation avec les orientations sexuelles adultes (hétéro ou homo).
Les analyses de neuroimagerie (Cantor et al., Archives of General Psychiatry, 2008) confirment des anomalies structurelles du cortex temporal et du système limbique, zones impliquées dans la reconnaissance émotionnelle et la régulation du désir.
Ces données médicales établissent clairement qu’il s’agit d’une pathologie spécifique, sans lien avec l’identité ou la préférence sexuelle.
3. La démonstration logique : une incompatibilité de structure
Sur le plan rationnel, la confusion “homosexualité = pédophilie” s’effondre dès qu’on observe la logique même du désir.L’hétérosexualité et l’homosexualité impliquent toutes deux une attraction entre adultes consentants.
La pédophilie, elle, implique l’absence de consentement et la négation de la réciprocité.
Ce n’est donc pas une orientation, mais une perversion relationnelle, c’est-à-dire une altération du rapport à autrui.
En philosophie morale, saint Thomas d’Aquin aurait parlé d’un désordre de la volonté, non d’une nature particulière.
La pédophilie n’est pas un “état de personne”, mais une distorsion de la finalité naturelle du désir : elle vise la possession et non la communion.
Ainsi toute tentative de rapprocher la pédophilie d’une orientation sexuelle — quelle qu’elle soit — relève soit d’un biais idéologique, soit d’une méconnaissance scientifique, soit d’une manipulation rhétorique.
4. Le consensus scientifique et moral
Les grandes institutions scientifiques et pastorales sont unanimes :
L’American Psychological Association (APA, 2013) :
« La pédophilie ne relève pas de l’orientation sexuelle mais d’un trouble psychopathologique. »
Le Conseil pontifical pour la famille, dans son Lexique des termes ambigus et controversés sur la famille, la vie et les questions éthiques (2003), précise :
« La pédophilie n’a rien à voir avec l’homosexualité ; elle relève d’une pathologie de la relation et d’un désordre moral. »
5. Conclusion — vérité, raison et responsabilité
Assimiler la pédophilie à une orientation sexuelle revient à nier la science, fausser la morale et alimenter la haine. C’est confondre l’identité avec la pathologie, le péché avec la maladie, la responsabilité avec la culpabilité absolue. Le christianisme, fidèle à la raison et à la charité, distingue toujours ce qui relève de la faute morale consciente de ce qui relève de la souffrance psychique.
En somme :
La pédophilie n’est ni une identité, ni une orientation, ni une conséquence de l’homosexualité.
Elle est une pathologie du lien, à traiter, non à amalgamer.
IV. Le regard de l’Évangile — De la peur à la miséricorde
L’Évangile ne se contente pas d’enseigner une morale : il révèle un renversement.
Là où le monde trace des frontières entre les purs et les impurs, le Christ les abolit.Là où la société cherche des coupables, il cherche des cœurs à guérir.
Et c’est dans cette lumière qu’il faut comprendre le regard chrétien sur la sexualité, le péché et la dignité.
1. Jésus face aux accusateurs : le retournement du jugement
Dans l’épisode de la femme adultère (Jean 8,1-11), la scène est exemplaire :des hommes religieux amènent une femme coupable devant Jésus pour la lapider selon la Loi.
Mais Jésus s’abaisse, trace des mots dans la poussière, et dit :
« Que celui d’entre vous qui n’a jamais péché lui jette la première pierre. »
Cette parole détruit la logique de la pureté pharisienne.
Elle ne nie pas la faute, mais elle renvoie le jugement à chacun.
Elle affirme que la vérité morale ne peut jamais s’exercer sans miséricorde, et que celui qui condamne l’autre oublie son propre besoin de salut.
Ce passage dit tout : la sainteté chrétienne ne consiste pas à désigner les fautes d’autrui, mais à se laisser purifier soi-même.
Le péché du pharisien, c’est précisément de croire qu’il n’en a pas.
2. Le Christ et les exclus : un modèle de fraternité radicale
Jésus a toujours marché du côté de ceux que le monde rejette.
Il mange avec les publicains et les prostituées (Matthieu 9,10-13), il touche les lépreux (Marc 1,41), il parle à la Samaritaine (Jean 4,7-26).Son attitude ne relativise pas la faute, mais elle rétablit la dignité : il commence par restaurer la personne avant d’appeler à la conversion.
Dans la maison de Simon le Pharisien, alors qu’une femme de mauvaise vie vient lui laver les pieds de ses larmes, Jésus répond :
« Ses nombreux péchés lui sont pardonnés, car elle a beaucoup aimé. » (Luc 7,47)
La hiérarchie morale du Royaume s’inverse : ce n’est pas celui qui obéit à la lettre, mais celui qui aime, qui est le plus proche de Dieu.
De même, lorsqu’il dit aux prêtres et anciens du peuple :
« Les publicains et les prostituées vous précèdent dans le Royaume de Dieu » (Matthieu 21,31)
Jésus ne fait pas l’apologie du péché, il dévoile l’hypocrisie.Il montre que la miséricorde vaut mieux que la façade de la vertu.
3. Le péché véritable : réduire l’autre à sa faute
Réduire une personne à son orientation sexuelle, à son passé, ou à son péché supposé, c’est commettre une faute spirituelle grave.
Car c’est nier en elle l’image de Dieu, et refuser la possibilité de la grâce.Or c’est précisément là que se joue la vérité chrétienne : dans la reconnaissance que toute vie humaine est appel à la rédemption.
L’homophobie, sous couvert de rigueur doctrinale, devient alors une inversion morale : elle prétend défendre la vérité tout en violant la charité.
Elle transforme la foi en idéologie, le dogme en arme, et le péché en instrument de pouvoir.Mais une Église qui rejette ne sauve plus ; elle trahit son Seigneur.
Le pape François l’a rappelé :
« L’Église ne ferme pas ses portes à qui que ce soit. Celui qui est baptisé a toujours un lieu dans le peuple de Dieu. » Et encore :« Le problème n’est pas d’avoir telle ou telle tendance ; le problème, c’est de refuser l’amour. »
L’enseignement du Christ ne se contredit jamais :il refuse le péché, mais il ne refuse personne.Le véritable désordre n’est donc pas l’inclination, mais l’absence d’amour.
4. La foi contre la peur : le vrai combat spirituel
Les Pères de l’Église avaient déjà perçu ce risque.
Saint Augustin écrivait : « Là où il n’y a pas la charité, il n’y a pas la foi. »
Et saint Jean Chrysostome rappelait : « Ce n’est pas le péché d’autrui qui nous perd, mais notre orgueil. »
La peur du péché des autres révèle surtout la fragilité de notre propre conversion.
Le Christ n’a jamais demandé de bâtir des murs contre les pécheurs, mais d’ouvrir des chemins vers la lumière. C’est pourquoi le christianisme authentique ne se reconnaît pas dans la haine des minorités, mais dans la compassion envers ceux qui souffrent, quels qu’ils soient.
L’homophobie, même enveloppée de religiosité, n’est pas un zèle évangélique : c’est une peur spirituelle, une fuite devant le mystère de l’amour incarné.
Conclusion — Vérité, justice et cohérence chrétienne
Au terme de cette réflexion, une évidence s’impose : la corrélation supposée entre homosexualité et pédophilie ne résiste ni à l’analyse scientifique, ni à l’examen logique, ni à la lumière de la foi. Elle repose sur une construction historique alimentée par la peur, l’ignorance et le besoin de désigner un coupable visible.Les faits sont clairs : plus de 95 % des abus sur mineurs sont commis par des hommes hétérosexuels, et les rares cas impliquant des homosexuels sont statistiquement marginaux.
Les milieux religieux ou éducatifs ayant connu des scandales n’ont pas révélé un lien entre orientation et crime, mais une culture du silence, du pouvoir et du refoulement.
La vérité n’est pas seulement quantitative : elle est qualitative.Elle montre que la racine du mal n’est pas dans la différence, mais dans le refus d’aimer en vérité.
Ce refus peut prendre des formes religieuses ou laïques, mais il demeure le même : l’homme qui juge son frère avant de se juger lui-même.
D’un point de vue théologique, cette confusion entre orientation et péché relève d’une inversion de l’ordre moral.L’Église distingue la faute personnelle — qui suppose un acte libre et conscient — de la condition humaine blessée.
La tendance n’est pas la faute, et la personne n’est jamais réductible à son inclination.En d’autres termes, le “désordre” dont parle le Catéchisme n’est pas une condamnation ontologique, mais une désignation de la finalité : tout ce qui détourne l’amour de son horizon créateur est désordonné, non la personne elle-même.
Or le Christ, précisément, est venu ordonner ce qui était désordonné — non par la violence, mais par la miséricorde.
L’homophobie, sous toutes ses formes, contredit donc le cœur du christianisme.
Elle pervertit la doctrine en haine, transforme la foi en instrument d’exclusion et, plus gravement encore, détourne les fidèles du vrai combat : celui de la conversion intérieure.
Comme l’écrit saint Jean :
« Celui qui dit aimer Dieu et qui hait son frère est un menteur. » (1 Jn 4,20)
Le croyant ne peut se réfugier dans la peur sans trahir l’Évangile.
La foi authentique ne nie pas la vérité morale, mais elle transfigure le péché par l’amour.
Refuser la violence n’est pas relativiser la doctrine, c’est l’accomplir.
Et affirmer la dignité inaliénable des personnes homosexuelles, c’est redire la même vérité qui fonde la foi chrétienne : que toute vie humaine, sans exception, est voulue et aimée de Dieu.
En définitive cette question n’est pas seulement morale, elle est spirituelle : choisir la peur ou choisir la lumière.
Celui qui se nourrit de la peur des autres s’enferme dans la nuit de son propre cœur.Celui qui cherche la lumière — même dans la complexité du monde — marche déjà sur les pas du Christ.
C’est pourquoi, aujourd’hui encore, la parole du Seigneur demeure la seule issue :
« La vérité vous rendra libres. » (Jean 8,32)
Mais la vérité, ici, n’est pas une arme : elle est une main tendue.
Et celui qui la brandit contre son frère cesse aussitôt de la porter en lui.
I.Sources scientifiques et médicales
American Psychiatric Association, Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, Fifth Edition (DSM-5), Arlington: APA Publishing, 2013.
World Health Organization (OMS), ICD-11: International Classification of Diseases, 2018, code 6D32 (Pedophilic Disorder).
Cantor, J. M., Kabani, N., Christensen, B. K. et al., “Différence de structure cérébrale chez les pédophiles”, Archives of General Psychiatry, vol. 65, n° 7, 2008, p. 902–910.
Seto, M. C. & Lalumière, M. L., “A Meta-Analysis and Theoretical Considerations of Sex Offenders Against Children”, Psychological Bulletin, vol. 127, n° 5, 2001, p. 667-710.
Blanchard, R., “The DSM Classification of Pedophilia”, Archives of Sexual Behavior, vol. 38, 2009, p. 911–914.
American Psychological Association (APA), Resolution on Sexual Orientation, Gender Identity, and Pedophilia Misconceptions, Washington D.C., 2013.
Institut national d’études démographiques (INED), Violences sexuelles : panorama statistique, 2021.
World Health Organization (WHO), World Report on Violence and Health, Genève, 2002.
II. Sources criminologiques et sociologiques
John Jay College of Criminal Justice, The Nature and Scope of Sexual Abuse of Minors by Catholic Priests and Deacons in the United States, 1950–2002, Washington D.C., 2004 ; suivi de The Causes and Context Study, 2011.
Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (CIASE), Rapport Sauvé, Paris, 2021.
Groth, A. N. & Birnbaum, H. J., “Adult Sexual Orientation and Attraction to Children”, Archives of Sexual Behavior, 1978, vol. 7, p. 175-181.
West, D. J., Homosexuality, Penguin Books, Londres, 1955.
Gebhard, P. & Johnson, A. B., The Kinsey Data: Marginal Tabulations of the 1938–1963 Interviews Conducted by the Institute for Sex Research, Philadelphia: W. B. Saunders, 1979.
Boswell, John, Christianity, Social Tolerance, and Homosexuality: Gay People in Western Europe from the Beginning of the Christian Era to the Fourteenth Century, Chicago: University of Chicago Press, 1980.
Jordan, Mark D., The Silence of Sodom: Homosexuality in Modern Catholicism, Harvard University Press, 2000.
Fone, Byrne R. S., Homophobia: A History, Picador, New York, 2001.
Meyer, I. H., “Minority Stress and Mental Health in Gay Men”, Journal of Health and Social Behavior, 2003, vol. 41, n° 1, p. 38-56.
Hatzenbuehler, M. L., “Stigma as a Fundamental Cause of Population Health Inequalities”, American Journal of Public Health, 2016, vol. 106, n° 3, p. 493-499.
III. Sources historiques sur la rhétorique anti-homosexuelle
Bryant, Anita, Save Our Children Campaign Materials, Miami-Dade Archives, 1977.
Barker, E., The New Religious Right in America, Cambridge University Press, 1982.
Falwell, Jerry, Listen America!, Doubleday, 1980 (fondateur de la Moral Majority).
Focus on the Family, Policy Statements and Advocacy Documents, Colorado Springs, 1981-1989.
Southern Baptist Convention, Resolution on Homosexuality and Children, Annual Meeting Records, 1978.
John Boswell, Same-Sex Unions in Premodern Europe, New York: Villard, 1994.
IV. Sources théologiques et magistérielles
Concile Vatican II, Constitution dogmatique Dei Verbum, 18 novembre 1965, § 15-16 (inchoata et temporaria = “choses imparfaites et passagères”).
Catéchisme de l’Église catholique, 2ᵉ éd., 1998, §§ 2357-2359, 2351-2353.
Congrégation pour la doctrine de la foi, Lettre sur la pastorale des personnes homosexuelles, 1er octobre 1986.
Dictionnaire du Conseil pontifical pour la famille, Lexique des termes ambigus et controversés sur la famille, la vie et les questions éthiques, Téqui, 2003.
Pape François, Entretien à Associated Press, 25 janvier 2023 : « Être homosexuel n’est pas un crime. Ce qui est crime, c’est de refuser la dignité à quelqu’un. »
Saint Augustin, De Civitate Dei, XIV, 6 ; XIX, 27 ; Lettre 211, 11 ; Enarrationes in Psalmos 5,7.
Saint Jean Chrysostome, Homiliae in Matthaeum 23,3 ; Homiliae in Epistulam ad Ephesios 19,4.
Saint Ambroise de Milan, De Paenitentia, II, 8, 56-57.
Saint Grégoire le Grand, Moralia in Iob, XXII, 11, 27 ; Regula Pastoralis III, 22.
Saint Thomas d’Aquin, Summa Theologiae IIa-IIae, q. 25, a. 6.
René Girard, La Violence et le sacré, Grasset, 1972 ; Des choses cachées depuis la fondation du monde, Grasset, 1978.
V. Sources complémentaires : psychologie sociale et histoire religieuse
Girard, René, Le Bouc émissaire, Grasset, 1982.
Foucault, Michel, Histoire de la sexualité, tome I-III, Gallimard, 1976-1984.
Bourdieu, Pierre, La domination masculine, Seuil, 1998.
Freud, Sigmund, Trois essais sur la théorie sexuelle, 1905.
Tournier, Paul, Guilt and Grace, Harper & Brothers, 1957 (théologie protestante sur la culpabilité et la sexualité).
Note de méthode
Les affirmations statistiques concernant :
la proportion de 95 % d’auteurs hétérosexuels d’abus sexuels sur mineurs,
la part estimée de 5-10 % de personnes LGBT dans la population mondiale,reposent sur les croisements suivants :
World Report on Violence and Health (OMS, 2002) ;
INED, Violences sexuelles : panorama statistique (2021) ;
Gallup Poll (2023) ; Pew Research Center, Global Attitudes Survey (2022).
Aucune de ces études ne montre de corrélation significative entre homosexualité et pédophilie, ni dans le passé, ni dans les bases actuelles.


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