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Sous les apparences de lumière : les pièges invisibles de l’occultisme

  • Photo du rédacteur: Cyprien.L
    Cyprien.L
  • 8 mai
  • 19 min de lecture
« Je ne vous promets pas de vous rendre heureuse en ce monde, mais dans l’autre. » - Apparition de la Vierge Marie à Lourdes, adressée à sainte Bernadette Soubirous.

Découvrez pourquoi les superstitions, l’occultisme et les pratiques magico-religieuses constituent un danger spirituel selon la foi chrétienne. Apprenez à discerner ce qui vient de Dieu et à rejeter les illusions des esprits et des faux pouvoirs qui détournent du chemin de vie offert par le Christ.
Illustration représentant des objets liés à l’occultisme et aux superstitions : main de chiromancie, crâne avec chapelet, bougie noire, pentacle, amulettes et poupée vaudou, disposés sur une table en bois vieilli.

Introduction


Dans notre époque saturée de propositions spirituelles, de quêtes intérieures, d’ésotérisme omniprésent en ligne et de superstitions réinventées, il est urgent de rappeler que tout ce qui touche au surnaturel n’est pas neutre. Ce ne sont pas de simples coutumes folkloriques ni des traditions décoratives : derrière ces pratiques se cache une réalité spirituelle profonde, qui engage l’âme humaine, parfois sans qu’elle en ait conscience.


Les superstitions, les pratiques magico-religieuses, l’occultisme, sous toutes leurs formes, promettent souvent des bénéfices immédiats : protection, réussite, guérison, pouvoir, connaissance, influence. Elles proposent des raccourcis, des « techniques » pour obtenir ce qu’on désire ou éviter ce qu’on redoute. Mais, comme le souligne Franck Dubois dans son ouvrage Attention, chute d’anges, il existe derrière ces pratiques une forme de pacte implicite avec le démon : même sans intention explicite, le simple fait de recourir à ces moyens ouvre une porte spirituelle, engage la liberté humaine et expose à l’action des puissances ténébreuses.


Le christianisme, et en particulier le catholicisme, n’est pas anti-surnaturel. Il affirme au contraire que nous sommes appelés à vivre en communion avec un Dieu vivant, à entrer dans une relation unique, personnelle, aimante avec Jésus-Christ. Mais justement, c’est parce que Jésus est unique, parce qu’il ne se réduit pas à une force impersonnelle, à une recette magique ou à un pouvoir automatique, qu’il refuse d’être confondu avec les esprits, les énergies, les idoles ou les talismans. Il veut une rencontre vraie, libre, sans marchandage.


Dans cet article, nous allons comprendre pourquoi l’Église s’oppose si fermement aux pratiques superstitieuses et occultes. Non pas par rigidité, non pas pour étouffer les libertés, non pas pour imposer un pouvoir religieux, mais parce qu’il y va d’une vérité fondamentale : nous sommes faits pour la grâce, pas pour le marchandage spirituel ; nous sommes faits pour l’amour, pas pour l’illusion de puissance.


I : Figures de référence sur l'occultisme


Pour comprendre le danger des pratiques occultes, il ne suffit pas de brandir des interdictions dogmatiques : il faut aussi écouter ceux qui, concrètement, sur le terrain spirituel, accompagnent les victimes et affrontent ces réalités. Deux noms s’imposent ici comme références majeures.


Le premier est le Père Gabriele Amorth (1925–2016), célèbre exorciste du diocèse de Rome, auteur d’ouvrages marquants comme Un exorciste raconte et Nouveaux récits d’un exorciste. Fort d’une longue expérience d’exorcisme, il a alerté à de nombreuses reprises sur le fait que les pratiques occultes, même « anodines » en apparence, sont des portes ouvertes au démon. Selon lui, « le diable s’introduit toujours par la porte qu’on lui ouvre, même sans le savoir. » Il souligne qu’il existe une gradation : la curiosité pour l’ésotérisme, les superstitions, l’appel aux esprits, les séances de spiritisme, les pactes explicites, tout cela forme un continuum dangereux, où l’homme finit par s’éloigner de Dieu et s’enfermer dans un réseau de dépendances spirituelles.


Le second témoin est le Père Joseph-Marie Verlinde. Anciennement engagé dans les pratiques orientales, notamment la méditation transcendantale et les expériences énergétiques, il a fait l’expérience directe de la séduction de ces pratiques. Dans ses conférences et ses ouvrages (L’Expérience interdite, La Mémoire interdite), il explique qu’on ne sort jamais indemne de ces contacts avec l’occulte : même les approches dites « neutres » ou « de développement personnel » exposent l’âme humaine à des influences dont elle ne mesure ni l’ampleur ni la gravité. Selon lui, « les démons ne jouent pas à moitié : dès qu’on commence à ouvrir une brèche, ils s’y engouffrent. »


À ces deux figures majeures s’ajoute l’apport de Franck Dubois, auteur de Attention, chute d’anges. Son analyse est précieuse, car elle montre qu’au cœur même de la superstition, même sans intention explicite, il y a une forme de pacte implicite avec des forces spirituelles mauvaises. En d’autres termes, ce n’est pas l’intention qui protège : ce sont les actes. Le simple fait d’utiliser certains moyens, de poser certains gestes, même naïvement, engage l’homme spirituellement. Comme le rappelle Dubois, on ne peut pas jouer avec l’invisible sans risque, car il y a toujours une contrepartie cachée.


Ces trois voix, avec des parcours et des angles différents, s’accordent sur un point fondamental : les pratiques occultes, les superstitions, les pactes, les invocations ne sont jamais sans conséquences. Elles mettent en jeu l’âme humaine, sa liberté, et surtout sa relation à Dieu.

II. Pourquoi le christianisme rejette ces pratiques


À ce stade, une question essentielle surgit : pourquoi, précisément, le christianisme — et en particulier le catholicisme — rejette-t-il si fermement les pratiques superstitieuses, magico-religieuses et occultes ? Est-ce simplement par rigidité doctrinale ? Par peur ? Par besoin de contrôle ?


La réponse est plus profonde. Elle tient à la nature même de la révélation chrétienne.

Le christianisme affirme que Dieu s’est révélé pleinement en Jésus-Christ. Il ne cache rien. Comme le dit l’Évangile : « Ce que je vous dis dans l’ombre, dites-le au grand jour ; et ce qui vous est dit à l’oreille, proclamez-le sur les toits » (Matthieu 10,27). La foi chrétienne ne repose pas sur des savoirs cachés, des recettes magiques, des secrets réservés à une élite. Elle est une proposition offerte à tous, gratuitement, sans discrimination.


L’homme n’a pas besoin de chercher des pouvoirs pour s’élever, ni d’invoquer des entités pour être protégé. Tout lui a été donné en Christ. « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu », disait saint Athanase. C’est cela, le cœur de la foi chrétienne : une relation, pas un marchandage ; une grâce, pas une technique ; une alliance d’amour, pas une négociation.


À l’inverse, les pratiques occultes flattent l’ego : elles promettent un pouvoir, une influence, une capacité à maîtriser le réel. Mais cette quête, même bien intentionnée, s’éloigne de l’amour. Elle devient volonté de possession, de domination, de contrôle. Elle se ferme à la patience, à l’abandon, à la confiance.


Et c’est là que le piège se referme. Comme le rappellent les exorcistes et les théologiens, dès que l’homme ouvre une brèche, il attire à lui des forces dont il ne mesure ni la puissance ni l’intention. Il engage sa liberté dans un terrain qui n’est plus celui de Dieu. Il entre dans un rapport d’échange, de pacte, de prise et de don, mais avec des puissances dont il ignore tout.


Le christianisme rejette ces pratiques non par peur du surnaturel, mais par réalisme spirituel. Parce qu’il sait que ces chemins ne mènent pas à Dieu. Parce qu’il sait que la seule vraie liberté se trouve dans la charité, dans le don, dans l’abandon à l’amour. Et parce qu’il sait que Dieu, contrairement aux esprits des mondes intermédiaires, attend un consentement total, libre, volontaire. Comme dans la dévotion au Sacré-Cœur, Dieu veut notre cœur, librement donné, sans contrainte, sans manipulation. Il attend, il respecte, il appelle. Les esprits, eux, ne respectent pas. Ils s’immiscent, ils séduisent, ils s’imposent. Et c’est pourquoi il faut être d’une vigilance absolue.


L'instant métaphore :

Pour bien comprendre ce qui se joue, il faut imaginer une scène concrète. Imaginez que, par curiosité ou par naïveté, vous entriez dans un repaire de voyous : pas des petits délinquants, mais des voleurs, des pervers, des assassins. Même si vous y entrez sans intention mauvaise, même si vous dites « je veux juste voir, je veux juste demander un petit service », personne ne trouverait surprenant que vous soyez volé, agressé ou pire, tué. Personne ne dirait : « Mais ce n’est pas juste, je ne savais pas ce que je faisais ! » Parce qu’on comprend très bien qu’en entrant dans un lieu gouverné par la violence, on s’expose à des êtres libres, qui ont leur propre volonté, leur propre logique, et qui n’ont aucun intérêt à notre bien.


Or, curieusement, quand on parle du monde invisible, des démons, des entités, des esprits, beaucoup s’imaginent qu’ils pourraient s’y aventurer impunément, sans risque, parce qu’ils auraient « de bonnes intentions ». Et c’est là que le drame du New Age et des délires modernes prend toute sa mesure : ces courants diffusent l’idée absurde que la pensée positive serait un bouclier magique, que vibrer à la « bonne fréquence » nous immuniserait contre tout mal. Comme si, pour reprendre l’image du repaire de voyous, on pouvait entrer dans ce lieu avec les intentions les plus pures, et que, subjugués par notre état d’illumination, les voyous s’effaceraient devant nous, respectueux de notre vibration intérieure.


Pire encore, ces idéologies culpabilisent les victimes : si un malheur nous frappe, c’est que nous n’avons pas assez bien pensé, pas assez bien vibré, pas assez bien attiré la lumière. On déresponsabilise l’humanité du péché collectif, des cascades invisibles du mal, pour enfermer chacun dans une prison dorée : seul responsable de son destin, seul maître de ses ondes. Et pourtant, si on applique jusqu’au bout cette logique, il faut aller au bout de ses implications terribles : cela reviendrait à dire que les pauvres gens, qui souffrent, qui tombent, qui se font broyer par l’injustice, l’inégalité ou la violence, l’auraient bien mérité, car ils n’auraient pas su vibrer à la bonne fréquence.


Oui, cela peut choquer de présenter les choses ainsi. Mais il faut avoir l’honnêteté de reconnaître que ces pensées, sous couvert de libération spirituelle, sont en réalité abjectes, culpabilisantes et stériles. Elles enferment l’homme non pas dans une liberté véritable, mais dans une cage invisible, où il devient à la fois son propre bourreau et sa propre victime.


III : La relation vivante avec Dieu, au cœur du christianisme


Tout l’enjeu des mises en garde de l’Église ne se résume pas à des interdits : il s’agit avant tout de protéger une réalité vivante, précieuse, irremplaçable — celle de la relation personnelle avec Dieu.


Le christianisme ne propose pas un système magique, ni un réseau d’actions mécaniques qui produisent des effets spirituels garantis. Il propose une rencontre, une alliance, une amitié. Dieu ne veut pas notre soumission vide, il veut notre cœur, notre amour, notre liberté. Comme le rappelle la dévotion au Sacré-Cœur, c’est un cœur à cœur qui est au centre de la foi : un Dieu qui appelle, qui attend, qui désire l’homme, mais qui jamais ne force, jamais ne s’impose.


Ce que Jésus est venu enseigner, c’est précisément cela : une grâce offerte, non imposée. Ses miracles, ses guérisons, ses signes n’ont jamais été des spectacles automatiques ou des démonstrations de pouvoir. Ils sont toujours liés à une rencontre, à une foi, à un appel. Jamais Jésus ne fait de promesses superstitieuses du type : « Si tu fais ceci, alors tu seras protégé » ; jamais il ne joue le jeu du donnant-donnant. Au contraire, il dépasse toute logique marchande : il donne gratuitement, il dépasse l’homme, il l’invite à entrer dans une relation transformante.


C’est cela qui fait la radicale différence entre Jésus et les esprits des traditions occultes. Avec Jésus, nous avons un homme incarné, historique, documenté, qui a pris sur lui nos souffrances et qui a été jusqu’à la croix pour enseigner la grâce. Nous ne sommes pas en face d’esprits anonymes, insaisissables, menteurs, qui se dissimulent derrière des « guides », des « maîtres », des « entités ». Nous sommes en face d’un visage, d’une voix, d’un amour unique, qui attend une réponse unique. Jésus veut une relation unique et personnelle avec chacun de nous.


L’occultisme, en revanche, propose de contourner cette relation. Il offre des raccourcis, des techniques, des formules, des médiateurs inconnus. Mais il coupe l’homme de l’essentiel : le lien vivant avec Dieu. Et c’est là, justement, que réside le plus grand danger : en se substituant à l’amour, l’occultisme enferme l’homme dans une illusion, dans une prison dorée, où il croit avancer, alors qu’il recule, où il croit maîtriser, alors qu’il est déjà possédé par une logique qui n’est plus la sienne.


IV : Le détournement des dévotions chrétiennes


Un des aspects les plus subtils — et peut-être les plus douloureux — du problème des pratiques magico-religieuses, c’est qu’elles ne viennent pas toujours d’un rejet frontal du christianisme. Bien au contraire, elles naissent souvent au cœur même des traditions chrétiennes, par un glissement progressif qui transforme les signes vivants de la foi en objets superstitieux.


Prenons des exemples concrets : les rameaux bénis, les médailles de saints, les pains de saint Roch, l’eau bénite. Tous ces objets, dans leur usage authentique, sont des sacramentaux, c’est-à-dire des signes visibles de la bénédiction de Dieu, qui orientent notre cœur vers la prière, la foi, la charité. Ils ne sont jamais des talismans. Leur puissance ne réside pas dans l’objet lui-même, mais dans l’intention qui l’accompagne : celle d’ouvrir son cœur à Dieu, de se souvenir de lui, de s’appuyer sur sa grâce.


Trop souvent, ces objets sont détournés. Ils deviennent des gris-gris, des porte-bonheurs, des protections magiques. On les accroche dans sa voiture pour éviter les accidents, on les glisse sous l’oreiller pour chasser les cauchemars, on les place devant sa porte pour éloigner les voleurs. Et l’on tombe alors dans l’idolâtrie. Non pas forcément une idolâtrie consciente, mais une idolâtrie pratique, où l’on fait confiance non plus à Dieu, mais à l’objet, non plus à l’amour, mais à la mécanique.


Il faut bien comprendre que la tradition, en soi, n’est jamais un argument suffisant. Jésus lui-même l’a dénoncé : « Vous laissez de côté le commandement de Dieu pour vous attacher à la tradition des hommes » (Marc 7,8). On ne défend pas une pratique simplement parce qu’elle est ancienne. Beaucoup de traditions humaines sont injustes, destructrices, stériles, et il serait hypocrite de les justifier sous prétexte qu’elles viennent du passé. La foi vivante ne peut jamais se réduire à l’habitude.


En réalité, ce glissement vers la superstition nous éloigne de l’essentiel : il nous détourne de la charité. Car au lieu de nous ouvrir à l’amour, il nous enferme dans une logique de protection, de sécurisation, de calcul. Il nous dispense de la vraie conversion, de la vraie relation, de la vraie prière. Et c’est là, encore une fois, que le démon trouve son intérêt : en nous faisant croire que nous sommes en règle, il nous empêche de chercher le cœur de Dieu.


V : La charité comme cœur de la foi


Au centre de toute la vie chrétienne, il n’y a ni les pratiques, ni les objets, ni même les connaissances théologiques : il y a l’amour. Cet amour, que saint Paul appelle la charité, n’est pas un simple sentiment ou une vague bienveillance. C’est l’amour même de Dieu qui, reçu dans le cœur humain, le transforme et l’oriente entièrement vers le don, le pardon, la communion.


Saint Paul le proclame avec une force bouleversante dans sa Première Lettre aux Corinthiens :


« Quand je parlerais les langues des hommes et des anges,si je n’ai pas la charité,je suis comme un airain qui résonne, ou une cymbale qui retentit. Et quand j’aurais le don de prophétie, la science de tous les mystères et toute la connaissance,quand j’aurais même toute la foi jusqu’à transporter les montagnes,si je n’ai pas la charité, je ne suis rien. Et quand je distribuerais tous mes biens pour la nourriture des pauvres,quand je livrerais même mon corps pour être brûlé,si je n’ai pas la charité, cela ne me sert de rien. La charité est patiente, elle est pleine de bonté ;la charité n’est point envieuse ;la charité ne se vante point, elle ne s’enfle point d’orgueil ;elle ne fait rien de malhonnête, elle ne cherche point son intérêt,elle ne s’irrite point, elle ne soupçonne point le mal ;elle ne se réjouit point de l’injustice,mais elle se réjouit de la vérité ;elle excuse tout, elle croit tout, elle espère tout, elle supporte tout. La charité ne périt jamais » (1 Corinthiens 13,1-8).

Tout est dit. Même les plus grands exploits spirituels, même les plus belles œuvres visibles, même les gestes les plus héroïques : sans amour, ils ne valent rien. Le cœur de la foi chrétienne est là : dans ce don total de soi, dans cet abandon confiant à Dieu, qui s’exprime en ces mots bouleversants du Christ : « Père, s’il est possible, que cette coupe s’éloigne de moi… pourtant, non pas comme je veux, mais comme tu veux » (Matthieu 26,39).


Les pratiques occultes, au fond, sont une manière d’éviter cet abandon. Elles proposent à l’homme une illusion de maîtrise, un pouvoir sur sa vie, un moyen de se protéger, de se garantir contre le malheur. Mais elles ferment l’homme à la confiance, à la patience, à l’humilité. Elles le détournent de la charité, de cet amour qui pardonne tout, espère tout, supporte tout. Elles l’enferment dans une logique de prise, là où Dieu appelle à la logique du don.


Même sans martyre, même sans grandes épreuves, chaque chrétien est appelé à vivre cette dynamique : choisir le don, refuser la possession, préférer l’amour à la domination. Et c’est pourquoi l’occultisme, même sous ses formes les plus anodines, constitue toujours un obstacle majeur sur le chemin spirituel : il dresse un mur invisible entre l’homme et Dieu, un mur fait d’illusions, de faux pouvoirs, de faux espoirs.


VI : Le piège moderne, notamment pour les femmes


Aujourd’hui, un aspect particulièrement préoccupant des pratiques occultes et magico-religieuses est leur infiltration dans des mouvements modernes qui séduisent, en priorité, les femmes. Il ne s’agit pas ici de pointer du doigt un sexe en particulier, mais de constater une réalité sociologique : sous couvert de quête spirituelle, d’autonomie, de développement personnel, de sororité, de guérison des blessures intérieures, de nombreux mouvements New Age, ésotériques, voire franchement occultes, ont capté une large part de l’attention féminine.


Et ce n’est pas un hasard. Ces mouvements exploitent des aspirations légitimes : se réapproprier son histoire, sa liberté, son énergie ; guérir les blessures infligées par une société souvent brutale, patriarcale, indifférente ; retrouver un lien avec la nature, avec son propre corps, avec la dimension intérieure de l’existence. Mais ils détournent ces aspirations.

Il faut bien comprendre que le catholicisme n’est pas un rejet pur du paganisme : comme le rappelaient les Pères de l’Église, le Christ n’est pas venu abolir, mais accomplir, purifier, redresser. Les intuitions païennes (l’eau, la lumière, les ablutions, les gestes rituels) ont été intégrées, mais transformées, orientées vers Dieu. Tout ce qui a été combattu, l’a été pour protéger les personnes.


Et l’un des grands dangers spirituels d’aujourd’hui, c’est de croire que parce qu’on cherche « du bien », on est à l’abri. Or, comme nous l’avons dit plus haut, ce n’est pas parce qu’on entre dans un repaire de voyous avec les intentions les plus pures qu’on en ressort indemne. Le monde spirituel ne fonctionne pas selon la seule intention humaine. Il est peuplé d’êtres libres, intelligents, puissants, qui ont leur propre logique, leur propre finalité — et tous ne veulent pas notre bien.


Les esprits des mondes intermédiaires, les « guides de lumière », les « entités supérieures » qu’évoquent tant de mouvements contemporains, agissent sans demander notre consentement véritable. Ils séduisent, ils fascinent, ils s’imposent. À l’inverse, Dieu attend le cœur : il attend un consentement total, libre, aimant. Il appelle, il n’impose pas. Il veut notre abandon, non pour nous posséder, mais pour nous unir à lui dans une communion d’amour.


Et c’est là que réside la grande tragédie de ces séductions modernes : elles promettent la libération, mais elles enferment ; elles prétendent guérir, mais elles blessent ; elles chantent la lumière, mais elles nous précipitent dans l’obscurité. Elles constituent une prison dorée, où l’on croit se retrouver soi-même, alors qu’on se perd, où l’on croit se libérer, alors qu’on se soumet, où l’on croit s’élever, alors qu’on tombe.


Qui plus est, les entités et esprits mis en avant dans ces courants — qu’il s’agisse de Lilith, Aphrodite, Hécate, pour ne citer que les plus populaires, ou encore des déesses égyptiennes comme Isis, ou d’autres figures issues de divers panthéons — ne sont pas des êtres qui amènent l’humain à une véritable transcendance. S’imaginer que des purs esprits — anges ou démons — seraient sexués, dotés d’un genre, est déjà un piège dangereux. Si l’on y réfléchit sérieusement, on peut au mieux les comparer à des super-héros comme la pop-culture américaine nous en a tant vendu : puissants, certes, mais faillibles, capricieux, traversés d’émotions changeantes, ambivalents dans leur histoire et dans leurs actions. On est ici bien loin de la proposition chrétienne et de la définition de Dieu que nous avons abordée dans d’autres articles : Dieu, l’Absolu, l’Être pur, infini, parfait, éternel, amour parfait.


Et c’est là tout le problème. Car le plus souvent, ces cultes modernes amènent les femmes à se renfermer dans des cercles fermés, des sororités centrées sur leur genre, à ne jurer que par leur identité féminine, mais paradoxalement à se construire en opposition à l’autre — l’homme, ou même toute forme de transcendance qui dépasserait cette opposition. Mais cela, ce n’est pas la libération : c’est précisément l’œuvre du diable, du « diviseur ». Il faut bien le réaliser : loin d’amener la paix au cœur des personnes, ces pratiques nourrissent la revanche, la vengeance, la colère, et creusent un fossé au lieu de guérir les blessures.


Le drame, ici, est que la femme, loin de se libérer en s’attachant à ces entités, devient dépendante d’elles. Et non pas comme l’Église comprend la dépendance à Dieu — une dépendance d’amour, d’union, car il nous a créés pour être complets en lui, avec lui, par lui — mais une dépendance mafieuse : ces esprits ou ces divinités exigent des dévotions, des offrandes, des sacrifices, en échange de leur prétendue protection ou de leurs services.


Mais ce n’est pas cela qui tend l’homme, ni la femme, vers une relation d’amour authentique. Et même si nous adressions nos prières à des esprits ou des divinités dites « liées à l’amour », il faudrait se demander : de quel amour parle-t-on ? L’amour véritable, gratuit, qui donne sa vie pour nous, bref celui qui vient de Jésus-Christ ? Ou une caricature blessante, pervertie, éphémère ?


VII : L’ironie des mouvements spirites et néo-gnostiques


Il y a dans le succès des mouvements spirites et néo-gnostiques une profonde ironie spirituelle. Des figures comme Allan Kardec (fondateur du spiritisme), les mouvements anthroposophiques, théosophiques ou les courants récents comme Seraphonde prétendent détenir les clés d’un accès privilégié aux esprits. Ils prétendent avoir reçu, des esprits eux-mêmes, les méthodes pour les contacter, dialoguer avec eux, et — tant qu’à faire — se protéger des autres entités.


Mais réfléchissons une seconde : accepter cela, c’est accorder une confiance aveugle à des forces invisibles, dont nous ne savons ni l’origine, ni la nature, ni les intentions. C’est comme si l’on demandait à un voleur comment sécuriser sa maison, à un menteur comment garantir la vérité, à un manipulateur comment garder son intégrité. Pourquoi donc croire que ces esprits, dont les signes sont tout sauf rassurants, auraient soudainement à cœur notre bien, notre salut, notre équilibre ?


Certains, bien sûr, poseraient la question : pourquoi faire confiance à Jésus, et non à ces esprits ? La réponse tient en plusieurs points essentiels :


  • Parce que Jésus est un homme incarné, historique, dont l’existence est attestée, dont les paroles, les actes, les miracles ont traversé les siècles.

  • Parce que ses miracles ne sont jamais automatiques, mécaniques, superstitieux : ils sont toujours liés à une rencontre, à une relation, à un appel au cœur libre.

  • Parce qu’il ne propose pas une logique marchande — « fais ceci et tu auras cela » — mais une grâce qui dépasse l’homme, une grâce qui est allée jusqu’à la croix.

  • Parce qu’il attend notre total consentement, notre réponse libre, aimante, sans jamais s’imposer, sans jamais nous prendre par ruse.


Tout cela le distingue radicalement des esprits des traditions occultes, des entités anonymes, des « guides de lumière », qui séduisent, qui manipulent, qui s’immiscent, qui agissent sans que nous les ayons appelés, et qui cherchent toujours à détourner l’homme de son vrai chemin.


Et au fond, ce n’est pas une surprise : les démons, ces purs esprits coupés de Dieu, sont mus par une jalousie profonde. Leur refus originel, c’était de ne pas accepter que l’homme, créature inférieure, soit promis à la divinisation par grâce, à la participation à la vie divine. Et leur plus grand plaisir, aujourd’hui, c’est d’entraîner l’homme dans leur chute, de le détourner de son appel, de l’empêcher d’entrer dans l’union à laquelle il était destiné, Corps et Âme, dès l’origine.


VIII : Perspectives théologiques — apport de Dom A. Vonier


Pour aller plus loin, il faut s’appuyer sur une réflexion théologique solide, comme celle que propose Dom A. Vonier dans son Petit catéchisme sur les anges. Ses enseignements éclairent magnifiquement la différence fondamentale entre le monde des anges et celui des hommes, et pourquoi l’homme doit être infiniment prudent dès qu’il s’approche de ce qui touche aux sphères invisibles.


Selon la tradition catholique, les anges ont été créés libres, intelligents, capables d’un choix définitif. Certains ont choisi Dieu et vivent éternellement dans la lumière ; d’autres, les démons, ont refusé Dieu dans un acte irréversible de rébellion. Dom Vonier, en suivant saint Thomas d’Aquin, explique : « L’ange pécha de façon synonyme, sans ordonner sa volonté à la volonté divine. » Autrement dit, le péché des anges n’est pas un péché d’ignorance ou de faiblesse : c’est un péché d’orgueil spirituel, un refus net, sans retour, de la béatitude surnaturelle pour préférer leur propre excellence naturelle : de vrai narcisse céleste en sommes.


Et voici le point essentiel : les démons n’ont jamais perdu leurs dons naturels. Ils restent puissants, intelligents, capables d’agir — mais enfermés dans un état de refus définitif, sans accès à la grâce. Ils vivent désormais dans l’obscurité spirituelle, mus par la jalousie, la haine, le désir de nuire à la créature humaine, non pas par simple méchanceté, mais par amertume devant l’appel extraordinaire qui est fait à l’homme : participer à la vie divine, être uni à Dieu corps et âme.


À ce stade, une métaphore s’impose : prétendre entrer en contact avec des esprits, des entités invisibles, sans se mettre en danger, c’est comme dire qu’on pourrait nager au milieu d’un banc de requins parce qu’on a « de bonnes intentions ». On pourrait se dire : « Je ne suis pas là pour leur faire du mal, ils vont le sentir, ils vont me respecter. » Mais le requin est chez lui dans l’océan, il est dans son élément, et nous, nous n’avons ni les armes ni les moyens d’y survivre. Nous sommes des intrus, vulnérables, fragiles.


De la même manière, croire qu’on peut s’aventurer dans les mondes spirituels sans risque, sans protection, sans la grâce de Dieu, simplement parce qu’on a de « bonnes vibrations » ou des intentions sincères, c’est une folie. Les esprits mauvais, comme les requins, agissent selon leur propre nature, leur propre logique. Et certains n’attendent qu’une chose : une faille, une brèche, un accès, pour se jeter sur l’âme qui s’est naïvement exposée.


Dom Vonier nous rappelle que la principale tentation démoniaque est subtile : « se transformer en ange de lumière » (cf. 2 Corinthiens 11,14). Elle détourne l’homme du plan divin en lui faisant croire qu’il peut accéder, sans la grâce, à des savoirs, des pouvoirs, des états spirituels qui le dépassent. Mais sans la grâce, sans l’ancrage en Dieu, il ne peut qu’être dévoré. Et Dieu, dans sa sagesse, a mis une barrière protectrice entre nous et ce monde. S’y aventurer, et encore plus sans lui, c’est se livrer nu à des forces qui n’ont ni pitié ni respect pour notre liberté.


IX : Conclusion


Au terme de ce parcours, une vérité s’impose avec force : l’homme est fait pour Dieu, pour l’amour, pour la grâce. Il n’est pas fait pour les jeux de pouvoir spirituel, pour les trafics d’énergie, pour les pactes ambigus, pour les séductions des esprits déchus. Tout l’enseignement de l’Église sur les superstitions, les pratiques magico-religieuses et l’occultisme ne repose pas sur une simple peur, ni sur une volonté de contrôle : il repose sur une connaissance profonde de ce que nous sommes, de ce à quoi nous sommes appelés, et de ce qui nous met en danger.


Jésus-Christ nous offre quelque chose d’unique : non pas une méthode, non pas une technique, non pas un pouvoir, mais une relation. Il attend notre cœur, notre consentement, notre liberté. Il nous attire à lui, non pour nous posséder, mais pour nous unir à lui, pour nous élever à sa divinité. À l’inverse, les esprits des mondes intermédiaires séduisent, manipulent, mentent, s’imposent sans appel. Ils promettent une liberté illusoire, mais ils enchaînent.


Comme le dit l’Évangile : « Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres » (Jean 8,32). La foi chrétienne est une libération, non une servitude ; un chemin d’abandon confiant, non de contrôle angoissé. Renoncer aux illusions, aux séductions, aux faux pouvoirs, c’est choisir l’amour vivant, l’union à Dieu, la vérité du cœur.


Et si ce choix peut parfois sembler exigeant, s’il implique de renoncer à des habitudes, à des pratiques, à des protections illusoires, il ouvre une voie lumineuse, où l’homme, enfin, retrouve sa véritable place : celle d’un fils, d’une fille, tendu vers le Père, dans la confiance, dans la charité, dans la paix.


« Que sert-il à l’homme de gagner le monde entier, s’il vient à perdre son âme ? » - (Marc 8,36)

 
 
 

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